Association Paillons Environnement

B.P. 55

06 391 CONTES                                                              

paillons.environnement@laposte.net

Contes, le 18 avril 2004

                                                                               Monsieur Bontoux Jean-Pierre,

Commissaire Enquêteur

   

                      

 

 

 

 

 

 Préambule.

 

         L’enquête publique se termine. Les rejets de fumée qui avaient semblé faire une trève depuis un mois ont repris comme avant. Il est certain que déjà, sans déchets, la pollution est très marquée… Il est peut-être temps de limiter, voire de réduire l’activité de certains  industriels dans nos vallées  au lieu d’imaginer en rajouter. D’autres ressources économiques sont certainement mieux adaptées à notre géographie et à la qualité de vie à laquelle tout le monde aspire en 2004 …

 

         Monsieur,

         Nous faisons suite à l’entretien que nous avons eu au sujet de l’enquête publique de l’usine Lafarge à Contes pour vous transmettre les documents que vous nous avez demandés, accompagnés de quelques remarques.

 

-  Même si les huiles usagées peuvent dans certains cas être comparées à des carburants plus classiques déjà utilisés (coke de pétrole…), en pratique, celles-ci sont extrêmement diverses, certaines moins dangereuses que d’autres.   Cependant, au vu de la façon dont la surveillance et les informations au public se font (voir les innombrables questions que nous nous posons dans notre contribution à l’enquête), nous restons persuadés que des huiles très contaminées pourraient se mélanger aux autres. (Nous gardons à l’esprit l’histoire des porcs et poulets  gavés à mort de dioxine parce que l’on avait ajouté de l’huile de vidange contaminée à leur alimentation…) :

     Doc. N°1 (ADEME)  montrant que 8O%  des huiles testées sont contaminées par des polluants illégaux. (le test a porté sur 100 échantillons, il est à prévoir que sur un plus grand nombre, d’autres polluants pourraient être présents. Par ailleurs, tous les polluants n’ont pas été recherchés. Ex : dioxines, furanes…)

 

-   Doc. N°2 (ADEME). Les huiles sont des déchets dangereux et  restent potentiellement plus riches en métaux lourds (et parfois en dioxines, PCB, et assimilés) que les brais. Une augmentation de la pollution resterait inévitable.

 

-   Nous craignons qu’une fois une autorisation partielle et limitée accordée, des demandes d’extension successives se fassent ultérieurement, vu la rentabilité du marché et la forte demande d’élimination. Il serait dangereux de créer un précédent. Ce serait une porte ouverte dans laquelle différents lobbies s’engouffreraient très vite. Il serait très préférable de considérer définitivement l’usine de Contes inappropriée au brûlage de tout déchet.

 

-  Le fait d’accorder l’autorisation de brûlages à Contes entrainerait  certainement une autorisation similaire chez Vicat qui est prêt à  prendre le même chemin que Lafarge. On pourrait difficilement refuser à l’autre ce que l’on accorde à l’un. Le marché d’élimination des huiles par brûlage serait alors officialisé, ce qui tuerait dans l’œuf, et durablement,  toute recherche d’autre solution locale d’élimination.

 

   -    Doc. N°3 extrait de journal retraçant la réunion publique du 5 avril 2004 à Contes

Nous attirons votre attention sur les informations erronées que contient cet article concernant le monoxyde de carbone (CO) émis à l’année : 720 tonnes.  les électrofiltres ne peuvent pas piéger ce gaz, leur rôle est de piéger des poussières. Ce jour là Lafarge a démenti émettre du monoxyde de carbone et pourtant ce sont des chiffres publiés par la DRIRE, que nous vous avons fournis dans nos annexes. (Vicat en émet 2 fois moins pour 2 fois plus de production de ciment).

Dans cet article, il est question de brûler des ordures ménagères dans le four à ciment, nous nous demandons qui a donné cette information, cela parait irréaliste et pour notre part complètement « fou »…

 

-   Doc. N°4  (ADEME)   La combustion d’huiles usagées dans de mauvaises conditions peut avoir un impact sur l’environnement et la santé.

Nous rappelons que la présence de CO est un indicateur d’une mauvaise combustion (combustion incomplète), ce qui est très inquiétant sur le devenir des déchets (mal) brûlés…

 

-   Doc. N°5             extrait du journal Today de la société BP faisant état du contrat passé avec Lafarge pour brûler du brai à 5,5% de soufre

 

-   Doc. N°6             extrait d’une directive concernant l’élimination des déchets dans une cimenterie et donnant quelques indications sur le coke de pétrole.

 

-  Page 64 du dossier, nous avons noté : « l’huile est collectée gratuitement auprès des garages et des particuliers de la région PACA … » ;  «  les huiles collectées sont mises dans des cuves de 30 à 50 tonnes chez les collecteurs… chaque cuve est analysée par la société Scori… pour être expédiées vers la cimenterie… » :

 

Nous nous demandons quels sont  le circuit et les aller-retours  que l’on fait faire à ces huiles sur les routes de la région.  Où est la rationalité ? Où est la proximité du traitement des déchets ? Les règles de sécurité routière ne semblent pas  ici avoir la même importance que pour les boues de Grasse, ce qui avait motivé l’ « urgence » de l’arrêté provisoire du préfet des Alpes maritimes le 11 février 2003.

 

Si les huiles usagées doivent aller subir un traitement dans les Bouches du Rhône, il semble plus logique qu’elles soient éliminées sur place dans les centres existants dans ce département et prévus au PREDI.

Il faut savoir que la société SCORI est le regroupement des cimentiers Vicat, Lafarge, Ciments Français et des Sociétés Lyonnaise des Eaux et Sita dans leurs branches traitement des déchets toxiques. Ce groupement a pris un engagement de concentration pour utiliser les fours des cimentiers pour les besoins d’incinération des déchets.

 

Par ailleurs, Lafarge demande l’injection d’huiles en brûleurs secondaires à la grille LEPOL (page 65) alors qu’un rapport de l’Adème (1998) demandait que les huiles soient injectées  directement  à la tuyère principale. On peut s’interroger sur la motivation de cette demande sachant que la  combustion  est sensée se faire dans tous les cas à 2000°,  selon le dossier page 45. Ces éléments nous paraissent incompatibles.

 

 

-   Doc. N°7              Pour compléter vos informations,  nous vous communiquons un document faisant état d’une condamnation de Lafarge Canada pour mauvaise qualité du ciment.  Ce genre de problème peut se produire si des déchets induisent une mauvaise combustion ou bien entrainent l’incorporation de substances  indésirables.

 

 -   Doc. N°8, 9, 10 : définitions brai, coke, fuel lourd

 Nous vous souhaitons bonne réception des présentes et restant à votre disposition,

Nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations les plus distinguées.

 

  

 

 RETOUR

 

 

                                                                                   La Présidente

 

                                                                                           Monique ALDUINI